Henri Charlier : Monuments aux morts et Gisants War memorials and gravestones
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« Ne nous y trompons pas : Henri Charlier est un des plus grands sculpteurs de notre époque et on ne tardera guère à s’en apercevoir. (…) C’est, je le répète, un des très grands sculpteurs de ce temps, comme son ami Dom Bellot, avec qui d’ailleurs il collabore, est un de nos très grands architectes. Son Ange de l’Apocalypse qu’il vient d’achever, oeuvre d’une puissance, d’une majesté, d’une ligne incomparables, frappe quiconque en voit seulement la reproduction. Morceau « digne de l’antique ». Voilà une formule qu’on emploie trop légèrement pour certains artistes, mais, ici, c’est vrai. Toutes les qualités de la sculpture moderne, héritière d’une vieille et ferme tradition, toutes les vertus du tailleur de pierres, tout ce que nous avons dit, vous le retrouverez chez Henri Charlier à un degré rare. » Maurice BRILLANT dans L’Art Chrétien en France au XXe siècle (Bloud & Gay)
Ange de l’Apocalypse - Acy (Aisne)
Ayant commencé la sculpture avant la fin de la première guerre mondiale, Henri Charlier s'est vu commander après l'armistice de nombreux monuments aux morts ou sculptures commémoratives. De même, après la deuxième guerre mondiale. Ses réalisations plastiques sont toutes dominées par une vision théologale de la vie humaine offerte en sacrifice pour la patrie. Cette vision dépasse l'espoir de prospérité temporelle, pour atteindre à l'espérance surnaturelle du Royaume qui ne peut s'accomplir que dans l'au-delà. Une note inédite de Charlier lui-même sur son Ange de l'Apocalypse exprime cette conception :
La Croix tombale de Charles Péguy, sculptée en 1936 sur la demande du Père Doncoeur pour être placée à Villeroy, au lieu même où Péguy trouva la mort durant la bataille de la Marne, condense cette vision dans une représentation de la “petite fille Espérance” sculptée à même dans la pierre de la Croix, à la place du Christ, et présentant la Rose des martyrs dont Péguy parle dans son Mystère des Saints Innocents.
Croix tombale de Charles Péguy - Villeroy
Outre l'Ange de l'Apocalypse (1924, exposé au Salon des Tuileries) et la Pleureuse d'Acy (1943), les grands monuments aux morts de Charlier se trouvent dans les Landes : - Gisant de soldat de Commensacq (1921), - Pleureuse d'Onesse-Laharie (1922, exposée au Salon d'Automne), - Saint Louis d'Uza (1926). Plusieurs monuments se trouvent dans le département de l'Aube, dont une magnifique Flagellation du Christ à Chaource.
Enfin, sa délicieuse statue Notre-Dame de la Sainte Espérance, exposée en 1965 au Salon d'Automne, a trouvé place au-dessus des tombes de la famille Charlier dans le cimetière du Mesnil-Saint-Loup : soulevant d'une main un voile qui lui couvre la tête, le regard tourné vers le ciel, cette Vierge que Charlier a placée au-dessus de sa dépouille mortelle résume toute sa vie, son œuvre et son esthétique :
Henri Charlier a réalisé aussi deux gisants en pierre, celui du RP Dom Guéranger à l'abbaye de Solesmes (1933), et celui du RP Basile Moreau dans la crypte de l'église ND de Sainte-Croix au Mans (1950). Ces deux gisants sont sculptés dans la tradition des gisants médiévaux, renouvelée selon l'esprit novateur de Charlier. Il a orné aussi plusieurs tombes de bas-reliefs sculptés.
« On a demandé à l’artiste une “Victoire”, et puisqu’il s’agissait de glorifier les morts, l’artiste a choisi la victoire de l’éternité sur le temps, de Dieu et de ses élus sur les mauvais anges. Or, « au jour de la voix du septième ange, le Mystère de Dieu fut consommé, qu’Il avait annoncé par ses serviteurs les prophètes » (Apoc 10 ,7). Cet ouvrage est une contrepartie des “Victoires” antiques, comme la Victoire de Samothrace par exemple, qui essayent péniblement de s’envoler de terre et marchent plutôt contre le vent. Cet ange ne s’envole pas, il se pose. Comme la grâce, il vient du ciel et non de la terre. Le vent le porte encore tandis qu’il pose « le pied droit sur la mer et le pied gauche sur la terre » (Apoc 10, 2). Mais il est stable, il se pose, il obéit aux lois profondes de la statuaire. Car une statue est une « res qui mole sua stat » [une chose qui tient par sa masse]. Il profite de cet immense avantage des arts plastiques de suggérer une vie en dehors du temps, et cette vie est celle de Dieu dont l’Apôtre dit que « toute grâce excellente et tout don parfait vient d’en haut, descendant du Père des Lumières, en qui n’est point de changement ni ombre de vicissitude » (Jac 1, 17). »
Ange de l’Apocalypse - Détail
Pleureuse - Onesse-Laharie (Landes)
"L'art, surtout l'art chrétien, est chargé de lever le voile qui cache à l'esprit les grandeurs de l'esprit.» (L'art et la pensée)
Notre-Dame de la Sainte Espérance - Le Mesnil Saint Loup (Aube)
Gisant de Dom Guéranger - Solesmes (Mayenne)
Gisant de Bx P. Basile Moreau - Eglise Sainte Croix du Mans (Sarthe)
Cette même perspective de victoire de l'éternité sur le temps explique le choix de Charlier de représenter ses gisants de soldats (en tenue de guerre) ou ses pleureuses, face à la Croix ou même appuyés à celle ci.
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