Henri Charlier : Aquarelles Watercolours
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Aux yeux d'Henri Charlier, la réforme plastique (visant à retrouver la couleur et la forme) devait être complétée par une réforme de la technique de la peinture. Après avoir pratiqué la fresque durant ses années de recherches plastiques passées à la Ruche, Charlier s'essaya aussi à l'aquarelle. Il considérait avoir achevé cette enquête plastique durant la seconde guerre mondiale, lors des années d'exode qu'il passa en Auvergne, où il put peindre de très nombreuses aquarelles de paysages et de “portraits d'arbres” (selon la dénomination originale de Charlier). En voici quelques unes, parmi les plus réussies, auxquelles nous avons joint des peintures de jeunesse exécutées au lavis (1901 - 1902), juste avant l'année que Charlier passa à l'atelier de Jean-Paul Laurens. La démarche plastique de Charlier, en peinture, se situe entre ces deux styles picturaux que sont ses lavis de jeunesse et ses aquarelles d'Auvergne peintes à l’âge de la maîtrise.
Impressions de l'écrivain Henri Pourrat après une visite chez son ami Henri Charlier en Auvergne : «Je me rappelle cette clarté, lorsque sur la longue table à tréteaux s’étalèrent les aquarelles tirées d’un carton : des portraits d’arbres en pied, les hêtres des flancs du Sancy et des bords du Pavin. Plus vivaces que nature, c’étaient les enfants puissants de la montagne, qui ont dû forcer de toute leur fibre, lutter des racines et du tronc pour se former : dans le mouvement corporel de leur poussée, des arbres vivants. Ces feuilles de papier faisaient lueur parmi la pièce obscure ; et le vacarme, la ruée, le nuage, n’étaient plus que choses du dehors. Cette pauvre chambre assombrie devenait un lieu de recueillement et de lumière. Soudainement, je comprenais le mot d’Henri Charlier qui m’avait frappé un autre soir : « Le dessin est une preuve de l’Esprit… »
Un grand sculpteur avait tracé sur ces feuilles comme un chiffre, l’esprit même de l’arbre, l’élan de vie qui a sa source dans l’Etre, et qui bâtit les créatures. (…) « Il faut que la ligne soit lancée d’un seul mouvement, qu’elle soit un geste absolument sûr, afin qu’en sa courbe passe ce qui monte de l’être, plus profond que la conception et que la volonté, pour devenir au bout du pinceau cet autre être à représenter, porteur de corbeille, danseuse ou carpe. On n’est pas intelligent avec son intelligence seulement, mais avec tout son corps ; et cela est vrai surtout de l’artiste. Devant ces figures décrites sur le papier sans reprises, d’un trait qui est un miracle de justesse, ou plutôt un miracle plus décisif, celui qui va saisir le chiffre de la vie, quelqu’un qui sait voir me disait un jour : « Comme Charlier dessine avec autorité ! » (Henri Pourrat, “Chez le sculpteur ”, dans Le blé de Noël)
L'Armançon — rivière de l'Yonne (lavis, 1901 - 1902)
Paysages d’Auvergne sous la neige
De l'époque précédant l’entrée d'Henri Charlier chez Laurens (1902), date une série de peintures au lavis réalisées en grande partie à Cheny. On perçoit déjà dans ces petits tableaux les prémices des futurs “portraits d’arbres” qui feront plus tard les délices de Charlier à l’aquarelle. Il s'y trouve en particulier un arbre sur fond de collines qui est de toute beauté malgré l'absence de couleur, et où le trait de pinceau est d'une fraîcheur inouïe. Cet arbre nous dit :  “Regardez-moi : j'existe ; j'ai été placé en cet endroit pour vous, afin qu'en me regardant vous deviniez qu'il se crée à chaque instant quelque chose de neuf dans le monde.”
Lavis (1901 - 1902)
Paysage d’Auvergne (années 1940)
Forêt d’Auvergne
Lavis (1901 - 1902)
Forêt d’Auvergne
Figure à l'aquarelle (période La Ruche : 1905 environ à 1914)
Paysages d’Auvergne sous la neige
Aquarelles peintes durant l’exode en Auvergne (1940 - 1943)
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